La contrée obscure

Première chronique d’un roman de la rentrée littéraire de chez Gallmeister, et pas n’importe lequel, le nouveau David Vann. C’est toujours un évènement quand ce grand auteur sort un nouveau roman. En plus de l’excitation de la nouveauté, beaucoup de curiosité par le thème abordé qui sort de ce qu’on à l’habitude avec cet auteur. J’ai profité que l’histoire se passe en Floride pour l’inclure au Challenge Gallmeister et au thème de Juillet « Sud profond ».

Avec La contrée obscure, pas d’histoire de famille comme les aime tellement David Vann, mais plutôt une exploration de ses lointaines origines, car ses ancêtres étaient cherokees. Deux histoires s’entremêlent dans ce roman. Tout d’abord une légende cherokee sur la création du monde et celle de Hernando de Soto le conquistador espagnol obnubilé par sa quête d’or en Floride.

J’ai eu un peu de mal à entrer dans cette lecture. Au départ, l’alternance entre la légende et l’histoire de de Soto me perturbait. De plus le conquistador est complètement antipathique et toute la partie avant d’arriver à La Florida est je trouve quelque peu ennuyeuse. Heureusement l’ambiance pleine de mysticisme de la légende m’a plutôt bien emballée. J’ai donc continué et bien m’en a pris.

Une fois arrivé à La Florida, de Soto et ses hommes vont n’avoir qu’un seul but, trouver de l’or et pour cela ils sont prêts à tout. Je trouve que David Vann s’est extrêmement bien documenté car après quelques recherches sur le net sur cette expédition pour en savoir plus ce qu’il nous raconte, il s’est vraiment inspiré de la véritable histoire. Alors oui, il y a pas mal de redondances, les hommes avancent, se font attaquer, finissent par battre les indigènes et continuent comme cela pendant longtemps. Mais, c’est là que l’on va retrouver la patte de Vann, dans la violence et la noirceur qu’il insuffle à l’histoire. Il révèle le côté obscur des hommes et ne nous épargne pas. Nous avons droit à beaucoup de sang, à des massacres perpétrés par des chiens à des viols en veux tu en voilà, à des démembrements et j’en passe. Alors oui, au petit déjeuner cela peut s’avérer dangereux mais David Vann sait doser et ne rentre pas dans du gore gratuit, c’est intelligemment fait.

J’ai déjà dit que je trouvais de Soto très antipathique mais les autres espagnols ne sont pas beaucoup mieux. En revanche, j’ai adoré le personnage d’Ortiz, il apporte de la fraicheur et de l’humour dans une ambiance plutôt sombre. Vann réussit à faire ressortir le côté supérieur et détestable des Espagnols tout en mettant en avant pour les indigènes leurs côtés guerrier, fidèle à leur terre et à leur peuple.

Concernant la légende, elle est un peu racontée comme une sorte de rêve. Je ne sais pas s’il s’agit d’une véritable légende cherokee ou si elle est inventée par David Vann, mais je dois avouer qu’elle m’a perturbé, j’ai l’impression de n’avoir pas tout saisi. Je la relirais peut-être seule pour voir. En tout cas j’ai vraiment aimé l’ambiance pleine de mystère dont chacun peut se faire ses propres interprétations.

Voilà donc un David Vann qui sort du lot de ce qu’à l’habitude de nous proposer cet auteur. Un peu comme L’obscure clarté de l’air, mais cette fois avec un côté plus personnel et non mythologique. Je trouve que c’est plutôt une bonne idée de la part de l’auteur de se tourner vers d’autres horizon, en tout cas je trouve que c’est une réussite.

Lecture terminée le 04 août 2023


Laisser un commentaire