Titre : Bienvenue en Amérique
Autrice : Linda Boström Knausgåard
Édition : Grasset
Titre original : Välkommen till Amerika
Traducteur : Terje Sinding
Parution : Le 7 février 2018
Nombre de pages : 128
« Ça fait longtemps que je ne parle plus. Tout le monde s’y est habitué. Maman, mon frère. Papa est mort, je ne sais pas ce qu’il en aurait pensé. C’est peut-être héréditaire. L’hérédité frappe fort dans ma famille. Impitoyablement. Génération après génération. Si ça se trouve, je porte le silence en moi depuis toujours. »
Ellen a tant souhaité que son père cesse ses visites intempestives, qu’il arrête de boire et de s’en prendre à sa mère. Elle a voulu qu’il disparaisse et le voilà mort à présent. La culpabilité l’envahit, elle se tait. La mère d’Ellen essaie pourtant d’entretenir l’image d’une famille lumineuse, d’un appartement où la joie n’aurait jamais cessé de régner, comme pour préserver les ruines d’un passé glorieux.
Envoûtés par les pensées d’Ellen, nous assistons au drame familial que Linda Boström Knausgård déploie sous nos yeux. Bienvenue en Amérique est un texte brûlant sur les frontières de l’enfance, sur le silence, mais aussi sur l’ultime refuge que forment les souvenirs.
Après avoir lu toute la rentrée littéraire de chez Gallmeister, je me lance un petit défi perso pour le restant du mois d’août, m’attaquer à ma PAL hors Gallmeister. J’ai donc choisi ce roman d’une autrice rencontrée lors du festival Les Boréales de l’année dernière.
Dans ce court roman, l’autrice nous immerge complètement dans la tête d’une jeune fille de 11 ans qui a décidé de ne plus communiquer d’aucune manière suite au décès de son père. Un décès qu’elle a ardemment souhaité dans ses prières. Elle est donc rongée par une profonde culpabilité mais est également hantée par une croyance d’avoir une sorte de pouvoir sur le destin.
J’ai apprécié dans cette lecture le contraste entre la noirceur des pensées d’Ellen et la luminosité qu’affiche sa mère. Il y a une sorte de dualité permanente entre ombre et lumière, entre obstination et espoir. Alors oui Ellen a décidé de ne plus communiquer, mais on sent que ce choix par moment lui coûte alors qu’à d’autres moments c’est le contraire et elle se sent protégée par ce silence.
Vous l’aurez compris, Ellen est torturée. Elle est prise dans une sorte de tourbillon qui l’a pousse à grandir et à passer dans le monde adulte. Longtemps, elle a cherché à se défaire de l’emprise nocive de son père, elle a essayé de protéger sa mère de la folie de cet homme, mais maintenant qu’il n’est plus là, revient à sa mémoire les bons moments partagés. J’ai eu l’impression qu’Ellen est comme coincée quelque part dans sa tête.
C’est donc un court roman que j’ai apprécié par son aspect psychologique, par l’attachement que j’ai ressenti envers cette jeune fille et par la puissance que met l’autrice dans ce récit.
Ma note : 08 / 10
Lecture terminée le 12 août 2023
Il pourrait me plaire, même si il a l’air bien sombre. 🙂
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