ReadLookHear

Hélène Dorion, première Québécoise et première femme vivante au programme du baccalauréat, vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s’évase. À travers cette expérience immersive dans la forêt des mots, elle nous invite à traverser les paysages pour aller vers « ce que l’on nomme l’humanité ».

En supplément : un entretien exclusif avec Hélène Dorion, ainsi qu’un dossier consacré à la poésie, la nature et l’intime, pour élargir les horizons du lecteur et lui donner envie de poursuivre le voyage.

J’ai lu ce recueil de poèmes d’Hélène Dorion pour le challenge de Camille #mes5lecturesprintanieres et ce fut une excellente idée. J’ai lu ce recueil à voix haute, comme un besoin d’entendre les mots d’Hélène Dorion. D’ailleurs avec Camille, nous nous en sommes lus quelques-uns et je trouve que cela donne une autre dimension à ces poèmes.

C’est un exercice difficile de chroniquer un recueil de poèmes, je ne vais pas le faire d’ailleurs. Il faut que vous sachiez que j’ai adoré chacun de ces textes, certains m’ont même pris aux tripes. C’est un recueil important pour la littérature et pour la nature, il est nécessaire que le plus grand nombre le lise. C’est donc une super nouvelle qu’il soit au programme du baccalauréat. Maintenant, vous savez que j’ai aimé ces poèmes, je vais à présent vous parler de ma relation aux arbres et aux forêts.

Je suis très sensible lorsqu’il s’agit des arbres, je lis de plus en plus d’oeuvres sur eux. J’essaye de passer du temps au plus près de ces géants, gardiens de la mémoire et de l’humanité. Les forêts m’impressionnent, il s’en dégage quelque chose qui tient du mystère. Lorsque l’on entre dans une forêt et que l’on ouvre son esprit, on peut ressentir les vibrations de la nature. Il suffit de tendre l’oreille pour écouter les sons sylvestres de tous les êtres qui l’habitent – arbres, plantes, herbes, humus, mousses, insectes, lombrics, mammifères, oiseaux, roches… – et le vent qui la traverse, la vapeur montant du sol, les gouttes de pluie glissant sur les feuilles. Je pourrais passer des heures à écouter la forêt sans m’ennuyer. En fermant les yeux et en ouvrant davantage mon esprit je peux même imaginer bien cachés et m’observant d’autres créatures, fées, elfes, lutins, gnomes, nains, korrigans, dryades et même des ents. Une forêt est un lieu de mystères et de magie peu importe que l’on croit ou non aux esprits enchantés.

Les arbres sont pour moi les gardiens de la mémoires, ils observent, gravent dans leurs écorces l’histoire du monde et des hommes. Les arbres sont des êtres vivants ne l’oublions pas, que cela peut me rendre fou lorsque j’entends dans les actualités suite à un feux de forêt que l’on peut se réjouir car il n’y a pas eu de morts… Mais merde, bien entendu qu’il y a eu des morts, des milliers de morts, mes arbres, les animaux, les herbes et les mousses, ex aussi ils sont vivants et méritent certainement plus leur place que nous sur cette Terre. Il est important que chacun d’entre nous prennent soin des forêts, des arbres et de tous les êtres vivants. Si nous vivions tous en harmonie et en respectant la nature qui nous entoure, le monde serait bien meilleur.

Il fait un temps de foudre et de lambeaux
d’arbres abattus
au-dedans de soi
il fait pluie maigre
un temps de glace
et de rêves qui fondent
dans le labyrinthe des miroirs
le dos courbé     le poids des silences
 
guerres     famines     tristes duretés
c’est seulement l’hiver
sur l’écran d’aujourd’hui
s’annoncent les orages de demain
des chiffres pour ne rien dire
de l’inquiétude qui brûle nos mots
lettres échevelées
bientôt cassées comme pib
nip    fmi
 
il fait un temps à s’enfermer
dans nos maisons de forêt
avec le bruit secret des nuages
qui souffle
de l’autre côté de la nuit

Ma note : 10 / 10

Lecture terminée le 26 mai 2024