Mont des Ourses

Un itinéraire de montagne – mouvance au cœur du végétal, des vies animales et de l’inorganique – ne se révélait qu’en confiance.

Mont des Ourses, premier roman d’Émilie Devèze, il m’a attrapé dès les premières lignes. J’ai eu l’impression pendant toute ma lecture d’écouter cet élément indomptable qu’est le vent. Ce vent qui fait bruisser les feuilles, qui caresse la roche, qui fait danser les brins d’herbe. Ce vent, témoin sans jugement, contant l’histoire d’Hazel, fille, chose, animal, femme.

Qu’il était bon pour Hazel de respirer l’air frais, de sentir les pissenlits lui chatouiller les chevilles. Elle marcha en direction d’Ici. À défaut de panneau, elle suivait les herbes aplaties par le passage du véhicule. La nature autour d’elle se taisait. On observait la demoiselle en silence depuis les fourrés, les taillis, les arbustes, les conifères, les cimes et le ciel. Le dérangement crée par son père avait mis les bêtes aux aguets.

Le vent parle d’Ici et du Mont des Ourses. Il raconte les chemins qu’emprunte cette jeune fille à travers la montagne et à travers la vie. Il souffle la transmutation de la fille / animal en femme et de l’homme en animal. Chacun à sa place.

C’est vraiment comme cela que j’ai vécu ma lecture, comme une histoire contée dans un language frais, brut et qui secoue. Merci beaucoup Émilie Devèze pour cette expérience et pour avoir réussi grâce à un savant mélange d’humour et de dérision à dénoncer un patriarcat qu’on souhaiterait ne plus exister, et surtout, merci d’écrire si magnifiquement sur cette Nature que j’aime tant.

La pente était raide et les arbres s’éclaircissaient. Les zébrures de troncs et de soleil prirent fin. La forêt s’ouvrit sur la lumière plénière. Sur le plateau, la nature était ondulatoire, fragrante et fricative. L’air frais des hauteurs balayait les fleurs sauvages et répondait des odeurs d’ail, de sauge et de bourrache. Ici et là, des brebis et des chèvres paissaient. Des étagnes exerçaient leur regard panoramique perchées sur des pierriers de lauze. Des perdrix cacabaient en picorant des sauterelles. Leurs nids cachés dans les roches piaillaient, « nourris-nous! ».

Lecture terminée le 10 septembre 2025


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