
Titre : Les Ombres Filantes
Auteur : Christian Guay-Poliquin
Édition : J’ai Lu
Parution : Le 13 septembre 2023
Nombre de pages : 320
« Depuis la panne, tout a changé, mais les lois de la forêt perdurent. Soit on se montre pour défendre son territoire, soit on courbe l’échine et on passe son chemin. »
Après les bouleversements causés par une panne de courant généralisée, la population a fui les villes et s’est réfugiée au cœur des forêts, vivant de troc, de chasse et de pêche.
Un homme seul et blessé s’enfonce dans les bois en direction du camp de chasse où se trouve sa famille. Sur son chemin, il rencontre le jeune Olio, jeune adolescent, débrouillard et téméraire. Au fil de leur errance naît un attachement profond et sincère. Ensemble, l’insolite duo va devoir affronter l’hostilité des contrées sauvages et la nature redevenue primaire.
Aube
L’électricité à filée… Les ombres des arbres prennent vie… Dès l’aube de notre lecture, on ressent ce quelque chose, ce livre va nous plaire, assurément. Dans cette Forêt, tour à tour apaisante, protectrice, nourricière, effrayante, hostile, changeante… Seul, l’homme avance vers son but. Ensemble, nous sommes à ses côtés. Les mots, l’ambiance nous emporte sur les chemins forestiers.
La forêt, c’est le début et la fin de tout. C’est à la fois salvateur et protecteur, et hostile et inquiétant. C’est magique par définition, un espace mythique par excellence
Dix heure trente-sept
Il n’est plus seul… Un homme, un enfant… Lui, Olio… L’un prudent, l’autre téméraire… Toi, moi… Une autre dynamique s’enclenche. À deux, le but change, l’attention est différente. L’autre apporte son innocence, sa bonne humeur. La Forêt, primaire, sauvage, ne change pas. La perception de l’homme. À deux, il y a plus de lumière. À deux, c’est plus simple d’avancer.
Sans son regard qui palpite à mes côtés, je ne suis rien. C’est lui ma destination.
Dimanche 26 janvier
Arrivés… Cette lecture nous touche. Je la vis entièrement. Je suis dans le camp de famille. Je ressens le soleil chauffer mes épaules pendant que je jardine. Je ressens l’excitation d’une soirée en famille autour d’un bon repas. Je ressens l’envie de boire un verre d’hydromel et de jouer aux cartes. Je ressens la plénitude de lever la tête vers un ciel étoilé. Et tout comme l’homme, qui ressent le besoin d’autre chose, je ressens le besoin de tourner les pages.
Pendant un instant, l’impression persiste que chacun autour de cette table joue un rôle, sans jamais déroger au personnage qu’on lui a assigné. Que nos échanges sont orchestrés selon une mécanique bien particulière. Que notre acharnement à la chasse et aux travaux est salvateur mais aliénant. Comme s’il y avait une forme de pénitence volontaire dans notre façon de vivre. Je me demande ce qu’on fait ici, à l’écart du monde, comme des naufragés prisonniers d’un océan de verdure.
Crépuscule
Nous voilà au crépuscule de cette lecture touchante, bouleversante. Il y a le monde d’avant, il y a le monde d’après. L’homme et l’enfant… Comment ne pas penser à Dans la forêt de Jean Hegland, à La route de Cormac McCarthy… Je referme ce livre des images de forêts, de ciels, d’animaux, de solitude, de tendresse et d’amour plein la tête. Je referme ce livres, des larmes coulent sur mes joues… Je referme ce livre, c’est l’après, malgré tout j’aurais vraiment aimé y rester.
Je fais traîner ma main dans l’eau froide. Je regarde son sillon se refermer derrière en me disant que la logique du temps est imparable et que nos vies tiennent à très peu de choses.
Ma note : 10 / 10
Lecture terminée le 21 janvier 2025