
Titre : La Mer Noire
Autrice : Kéthévane Davrichewy
Édition : Sabine Wespieser
Parution : Janvier 2010
Nombre de pages : 224
En ce jour d’anniversaire, la première pensée de Tamouna est pour Tamaz. Cet homme, qu’elle a rencontré l’été de ses quinze ans à Batoumi et qu’au fil des années elle n’a cessé d’attendre, s’est annoncé à la fête qui se prépare.
Dans un demi-sommeil, la vieille dame se souvient de leurs amours timides et éblouies, très vite interrompues par le départ précipité de la famille, contrainte de fuir devant les bolcheviques. Tout aussi brutalement que de ses grands-parents et de son univers, la jeune fille a été coupée de son amour de jeunesse. Sa vie peu à peu s’est construite à Paris, parmi la communauté des exilés géorgiens. Quand Tamaz finit par reparaître, alors que les frontières du pays natal sont hermétiquement closes, leurs vies se sont dessinées autrement…
La longue journée pendant laquelle se déroule le roman est comme une métaphore de la vie de Tamouna : entourée des siens, de cette famille géorgienne qui a su garder vivaces les traditions et perpétuer un bonheur de vivre qui aurait dû être immuable, elle laisse libre cours à ses souvenirs. Dans une narration habilement tissée, l’image de la doyenne qu’elle est devenue se superpose à celle de la jeune fille exilée. Et c’est toute la force de ce roman que de peindre avec une remarquable élégance et sans le moindre pathos le portrait d’une femme toujours habitée par la joie et le désir malgré les deuils et les déchirements de l’histoire.
Voici un livre qui s’est invité à moi, un livre trouvé en boîte à livres, une lecture non prévue, une belle découverte.
Une journée, celle de l’anniversaire de Tamouna, une journée pour raconter une vie, une journée pour raconter l’histoire, une journée comme une passerelle entre passé et présent, comme une passerelle entre la Géorgie et la France, comme une passerelle entre rêves oubliés et réalité.
La Géorgie, ce pays au bord de la Mer Noire, je ne le connaissais que de nom, son histoire m’était inconnue. Ce roman m’a permis d’apprendre et de comprendre. Tamouna a traversé l’Europe jusqu’à la France. Exilée dans un pays qui n’est pas le sien, loin de ses grands-parents, loin de son chez elle, loin de son Amour.
La Mer Noire, c’est aussi un roman sur l’Amour avec un grand A. Être amoureux, tomber amoureux, savoir que c’est Elle, elle la personne qui fait battre notre coeur, savoir au plus profond de soi que c’est la bonne personne, être certain qu’il n’y aura qu’elle. Forcément, cela me parle, cela me touche.
Ce roman, c’est un peu comme un tableau, une peinture représentant une femme. Une femme forte, une femme amoureuse, une femme ridée mais éblouissante, une femme amoureuse, une femme matriarche, une femme qui nous raconte une vie entre ombre et lumière.
Nous parlons géorgien entre nous. C’est la langue de la famille. Celle des vacances. À l’école, on doit parler le russe. C’est la règle. Le géorgien est une langue de chien, dit notre maître. Toute tentative de braver l’interdit est sévèrement punie.
Ma note : 08 / 10
Lecture terminée le 24 août 2024