
Titre : Un été dans la Sierra
Auteur : John Muir
Édition : Folio
Titre original : My First Summer in the Sierra
Traductrice : Béatrice Vierne
Parution : Le 14 avril 2022
Nombre de pages : 320
En 1869, John Muir est engagé une saison pour conduire des moutons en transhumance vers la Yosemite Valley. Au cours du voyage, il note tout ce qu’il voit, bavarde avec les bergers, s’enivre de la vie au grand air, de la liberté merveilleuse des campements, le soir. Et plus il monte, plus la nature devient sauvage, plus il est envahi, bouleversé par la beauté du monde.
Ce livre, devenu aux États-Unis un classique, a fait de John Muir une légende.
Avec un peu de retard, je viens vous parler de ma dernière lecture pour le Challenge de Camille #mes5lecturesprintanières . J’ai lu Un été dans la Sierra pour le thème Gingko.
En Passant un été (un printemps pour moi 😉 ) à suivre les traces de John Muir, il y a comme quelque chose de stimulant et d’agréable. Ce Grand Homme, marche, observe, découvre, s’émerveille, dessine et écrit dans son journal. Ce n’est pas un livre que l’on se contente de lire… Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dégainé mon téléphone pour regarder tel arbre, telle plante, tel animal, telle montagne… Je ne compte pas les fois à me dire que j’aimerais parcourir également les lieux qu’il décrit. D’ailleurs, on a avec Ma Chérie noté le Yosemite dans notre liste de projet de voyage… Il y a même un John Muir Trail.
Le paysage tout entier révélait un dessin d’ensemble comparable à celui des plus nobles sculptures de l’homme. Que la puissance de sa beauté était donc merveilleuse ! Tandis que je le contemplais ainsi, pétrifié d’admiration, j’aurais pu tout abandonner pour lui. J’allais donc avoir la tâche satisfaisante et interminable de suivre à la trace les forces qui avaient enfanté sa physionomie, ses rochers, sa flore, sa faune et son climat enchanteur. Partout, au-dessous de moi, au-dessus, se déployait une beauté comme on n’en imagine pas, créée ou en train de l’être à tout jamais. Je suis resté abîmé dans cette contemplation, éperdu de désir et d’admiration.
Voyez… La candeur, l’innocence, l’admiration avec laquelle John Muir nous partage son été dans le Yosemite… Il pose un regard tendre sur tout ce qu’il voit et nous le fait vivre par procuration. Avec lui, un ciel et ses nuages deviennent poème, une montée vers un mont devient une merveilleuse aventure, la découverte d’un lac devient un doux chant mystérieux…
Chante donc, courageuse Tamarack Creek, fraîche émoulue de tes sources enneigées, éclabousse, tourbillonne et danse vers ton destin au fond de l’océan, baignant et égayant chaque créature posée sur ton chemin.
Humble, John Muir, nous montre la place de l’homme parmi cette Nature. Nous sommes si petits et si brefs dans ce monde qui évolue et qui change depuis des milliers d’années. Son été s’est passé en 1869, il observe déjà à cette époque la trace de l’homme. Toute sa vie, il a fait en sorte de préserver cet espace naturel, à nous maintenant à continuer et à suivre ses pas.
Nous sommes maintenant dans les montagnes et elles sont en nous, avisant notre enthousiasme, faisant vibrer chacun de nos nerfs, emplissant chacun de nos pores, chacune de nos cellules. Notre tabernacle de chair et d’os parait aussi transparent que le verre au milieu de la beauté qui nous environne, comme s’il en était une partie véritablement inséparable, palpitant sous l’effet de l’air et des arbres, des ruisseaux et des rochers, des rayons du soleil – il n’est plus qu’un élément de la nature, ni vieux, ni jeune, ni sain, ni malade, il est immortel.
Journée chaude et ensoleillée qui comble aussi bien les plantes que les animaux et les rochers qui précipité le rythme de la sève et du sang et qui fait vibrer, tourbillonner et danser à l’unisson chaque particule des montagnes de cristal, comme de la poussière d’étoile. Nulle part on ne discerne la moindre morosité elle n’est même pas imaginable. Rien ne stagne, rien ne meurt. Tout est maintenu en mouvement joyeux et cadencé par les battements du vaste coeur de la Nature.
Chaque rocher, chaque montagne, chaque rivière, chaque plante, chaque lac, chaque prairie, chaque forêt, chaque clairière, chaque oiseau, chaque animal, chaque insecte parait nous appeler et nous inviter à venir apprendre un peu de son histoire et des rapports qu’il entretient avec les autres. Mais le pauvre élève ignorant sera-t-il autorisé à étudier les leçons qu’ils ont à lui offrir ? Cela parait trop grand et trop beau pour être vrai.
Ma note : 09 / 10
Lecture terminée le 30 juin 2024