Le pouvoir du chien

Nous avons lu avec Camille ce roman pour le Challenge Gallmeister et le thème du mois de mai, « Adapté à l’écran ».

Le pouvoir du chien, c’est tout d’abord un décor, les Grandes Plaines quasi désertiques, au loin les Rocheuses, une maison tout en rondins, un ranch, des vaches et bien sûr des cowboys. Ensuite, c’est deux frères, proches et pourtant éloignés l’un de l’autre. Pour finir, et c’est ce qui m’a le plus marqué avec cette lecture, Le pouvoir du chien, c’est surtout une ambiance. Lente, fascinante, pleine d’aspérités, Thomas Savage tout en démystifiant le genre du western, propose un roman assez envoutant je dirais.

Un terme colle aussi parfaitement à ce roman… Dualité… Entre les deux frères… Entre les habitudes et le changement… Entre le passé et le présent… Entre le traditionnel et le moderne… Entre l’ombre et la lumière… Entre la femme et l’homme… Entre la chaleur et le froid… Entre le lien fraternel et l’amour… Entre le piano et le banjo… J’ai aimé ces contrastes, forcément, il y a Phil et Georges, le premier est vif, rude, impitoyable, tandis que l’autre est taiseux, doux et imperturbable. Et il y a l’ombre et la lumière, la chaleur et le froid, j’ai trouvé que ces aspects sont tous représentés par la maison, à l’intérieur, tout est sombre, froid, terne, silencieux tandis que dès que l’on ouvre la porte, c’est la lumière, la chaleur, la vie.

Pendant que Camille part galoper avec Phil, je pars à bord de la Reo en compagnie de Georges pour un picnic improvisé aux pieds des Rocheuses.

– Mais qu’est-ce qui cloche chez toi, bon sang, Gros Lard ?
– Rien du tout, Phil.
– J’ai comme l’impression que ça te fait mal de sortir deux mots et de les assembler.
– Je n’ai jamais été très causant, Phil.
– Tu n’es pas la machine parlante d’Edison, ça, c’est certain.

Ce que je trouve intéressant avec ce roman, c’est que celui qui est le plus cultivé, qui a un sens de l’observation très développé, Phil en l’occurence, est celui qui reste ancré dans le passé et qui est le plus perturbé par le vent du changement et par la roue qui tourne. Tandis que Georges, que l’on pourrait considérer comme attentiste et seulement observateur du monde qui l’entoure et qui évolue, est quant à lui monter dans le train qui transforme le Far West en un monde moderne et civilisé.

DING.
Phil avait reniflé une obstruction dans son nez. Le son avait lentement agonisé dans la pièce. Phil avait presque ressenti la mort du temps. Et George s’était levé. George avait posé le Saturday Evening Post sur son fauteuil sans le regarder et il s’était approché de l’horloge.
L’opération tout entière avait été prise en charge par George avec la dignité du Vieux Père et Phil s’était souri à lui-même derrière son magazine Asia, sachant que George avait observé leur père des années durant, s’était préparé à cette occasion afin de prendre le relais sans accroc. Phil s’était inquiété inuti-lement, mais l’on se demande parfois si les gens sont vraiment ceux que l’on croit, ou bien si l’on se contente de croire qu’ils sont ainsi, alors qu’ils sont en réalité comme ils sont, et pas ceux que l’on croit.

Voilà donc un roman devenu un classique de la littérature américaine sur le tard que j’ai vraiment beaucoup aimé. Après notre lecture commune Camille et moi avons regardé le film, accompagné de la mousse d’érable (version vegan) proposée par Lucie (maisondesoiseaux).

Lecture terminée le 13 juin 2024


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