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Titre : Le garçon sauvage
Auteur : Paolo Cognetti
Édition : 10/18
Titre original : Il ragazzo selvatico. Quaderno di montagna
Traductrice : Anita Rochedy
Parution : Le 17 août 2017
Nombre de pages : 144
C’est l’histoire d’un garçon de la ville qui ne se sentait bien qu’à la montagne mais n’y avait pas remis les pieds depuis dix ans. A 30 ans, après un mauvais hiver qui le laisse à bout de forces « comme quand une entreprise en laquelle tu as cru échoue misérablement », il décide de tenter une expérience de solitude et s’installe pour un temps indéfini dans les hauteurs de la Vallée d’Aoste. Là, il redécouvre le bonheur de marcher sur le fil des crêtes, suspendu entre l’enfance et l’âge adulte. L’occasion pour lui de se lancer des défis de tous ordres, de réaliser désirs ou fantasmes, et d’essuyer des tempêtes autant intérieures qu’extérieures. Marchant sur les pas de ses maîtres, il apprendra à fendre du bois, à allumer un feu en plein orage, à cultiver un jardin à moitié sauvage, à cuisiner les herbes de montagne… mais aussi à se perdre et à affronter ses peurs.
J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge de Camille #mes5lecturesprintanieres pour le thème « Le Chène ». C’est une découverte de cet auteur. J’ai été attiré par la couverture et l’idée d’aller vivre dans une cabane en montagne. Un changement de vie qui m’attire.
Une lecture assez courte avec laquelle je ressors avec un sentiment assez mitigé. Autant, il y a pas mal de réflexions intéressantes sur la nature, sur l’homme et son impact, il y a également des citations d’écrivains comme par exemple Thoreau ou Mario Rigoni Stern, autant, je n’ai pas retrouvé le sentiment de solitude que je m’attendais à lire. Car oui Paolo Cognetti part un temps dans une baïta isolée dans la Vallée d’Aoste, par contre il n’est jamais vraiment seul.
Les rencontres et les liens qu’il tisse avec les hommes de la montagne sont agréables à lire, le décalage entre ces derniers et l’homme de la ville est présent même si Paolo Cognetti s’est je trouve vite adapté, car la montagne a toujours fait partie de sa vie.
Dans cette sorte d’essai, Paolo Cognetti part donc à la quête de lui-même. Cela ne va pas assez loin pour moi, j’ai eu l’impression d’être resté en surface, un peu comme si l’auteur était frileux de nous faire complètement entrer dans sa tête et de nous partager sans filtre ce passage de sa vie. Cela est dommage lorsque l’on écrit un livre comme celui-ci. Cela ne va pas m’empêcher de prochainement lire d’autres livres de cet auteur qui a tout de même titiller ma curiosité.
Il n’y a pas d’état sauvage dans les Alpes, mais une longue histoire de présence humaine qui traverse aujourd’hui une époque d’abandon : certains le déplorent comme la fin d’une civilisation, moi, il m’arrivait au contraire de me réjouir quand je voyais des vestiges engloutis par le sous-bois ou un arbre sortir de terre là où, un temps, on avait semé le blé. Il faut dire que ce n’était pas mon histoire qui disparaissait.
Moi qui rêvais de voir revenir les loups et les ours, je n’avais pas de racines là-haut, rien à perdre si la montagne se libérait enfin de l’emprise de l’homme.
Soudain, peut-être à cause d’un coup de vent qui lui avait porté mon odeur, il leva la tête et me vit. Ses yeux reflétaient les lueurs des braises. Je n’étais peut-être qu’une ombre tapie dans le noir, et il mit un moment avant de comprendre que c’était moi. Le regard que nous échangeâmes me sembla se déployer à l’infini. Le renard ne prit pas peur : peut-être connaissait-il mon odeur depuis bien des nuits déjà. Il s’éloigna sans se presser en trottant dans le noir. J’allai chercher le sac de couchage, le mis à sécher sur la barrière, puis me laissai tomber dans le lit des humains.
Remigio les photographiait. C’étaient des troupeaux de quinze, vingt têtes. Toute la joie que nous tirions de nos expéditions, nous la trouvions là, non pas aux croix des sommets ou aux tables des refuges, mais sur les rochers, au crépuscule, quand notre regard croisait celui des chèvres. Nous aurions bien voulu pouvoir leur dire de ne pas s’enfuir, que nous ne faisions que passer, rien de plus. La peur qu’elles avaient de nous était le seul obstacle que nous ne savions surmonter : nous pouvions nous baigner dans un lac, nous nourrir de framboises et de myrtilles, dormir dans un pré, mais les sauvages fuyaient à notre passage et nous rappelaient que nous n’étions pas des leurs, et que jamais nous ne le serions.
J’hésitais entre aller au lit ou ranimer le feu et attendre l’aube qui ne devait plus tarder.
Encore ce vieux besoin de prouver ma virilité : j’aurais pu me dire que j’avais passé une nuit à la belle étoile, étendu au coin du feu comme mes héros. Mais si l’ennemi à combattre, c’était moi, abandonner la compétition et filer sous la couette, c’était peut-être cela, en fin de compte, la vraie victoire.
Ma note : 06/10
Lecture terminée le 5 avril 2024